Alors que l'hypothyroïdie fait toujours partie des pathologies écartées lors du diagnostic par élimination préalable à l'étude des critères de Rotterdam afin établir le diagnostic du SOPK, notre Chargée de comité scientifique et naturopathe, Elise Rouvrais, s'est penchée sur le sujet des dysfonctionnements de la thyroïde.
Cet article, à la fois simplifié et complet, vous est proposé à l'occasion de la Journée Mondiale de la thyroïde et il répondra à vos interrogations les plus courantes sur le lien entre SOPK et dysfonctionnement de la thyroïde : quel est son rôle, quelles sont les conséquences de son dysfonctionnement, et comment s'établit le diagnostic ?
Certains symptômes, comme la fatigue ou la prise de poids, sont en effet communs aux deux pathologies. Les études cliniques (et Esp'OPK depuis sa création en 2018) observent aussi des problèmes thyroïdiens tels que l'hypothyroïdie ou une auto-immunité thyroïdienne subclinique chez les personnes diagnostiquées d'un SOPK. Des recherches sont menées pour déterminer précisément les éléments à l'origine de cette association et leur éventuelle incidence.
Les liens entre SOPK et hypothyroïdie sont complexes, voici toutefois quelques pistes de compréhension :
Toutes les hormones sont liées et indissociables les unes des autres : il y a des analogies entre la TSH (hormone qui active la thyroïde) et les hormones sexuelles. Lorsqu’une catégorie d’hormones pose problème, cela peut retentir sur d’autres familles d’hormones.
La thyroïde contrôle tout le métabolisme, or le SOPK est souvent associé a des problèmes métaboliques (résistance à l’insuline, diabète, syndrome métabolique)
La thyroïde répond aux sollicitations, voire sur-sollicitations, de notre organisme, liées au SOPK. Elle peut être mise à rude épreuve et finir par dysfonctionner.
La thyroïde est une glande endocrine (*), située à la base du cou, elle a la forme d’un petit papillon. Son rôle est de synthétiser (fabriquer) des hormones. Ces hormones thyroïdiennes exercent des effets conséquents sur de nombreux processus physiologiques (**) majeurs. Elles régulent entre autres : le rythme cardiaque, le poids, la production d’énergie, la température corporelle et la fertilité. Ainsi, on peut dire que la thyroïde joue un véritable rôle de chef d’orchestre sur notre organisme.
1. Rôle central de la thyroïde
Les hormones sont des substances chimiques, produites par notre corps, qui jouent le rôle de messagers. Les hormones synthétisées par la thyroïde sont déversées dans le sang, chargé de les transporter vers des organes cibles. Arrivées aux tissus, les hormones se fixent sur des récepteurs spécifiques présents à la surface des cellules cibles, et en modulent leurfonctionnement. C’est ainsi qu’elles entraînent des réactionsen chaine, essentielles à de nombreuses fonctions biologiques.
Les hormones thyroïdiennes assurent différentes fonctions vitales :
Régulation du métabolisme énergétique : les hormones thyroïdiennes augmente le niveau du métabolisme de base, c’est-à-dire le niveau de dépense énergétique en condition standard (éveil, repos, jeûne)
Contrôle de la température corporelle
Régulation lipidique, protéique et glucidique
Stimulation du cerveau
Assouplissement des muscles et des articulations
Normalisation du rythme cardiaque
Contrôle de la température corporelle
Détoxification et drainage de l’organisme
Participation à la croissance et au développement du cerveau et des os (particulièrement chez le fœtus pendant la grossesse)
Pour simplifier, une thyroïde qui fonctionne correctement avec des hormones en harmonie les unes avec les autres, c’est la garantie d’être en forme et de bonne humeur, d’avoir del’énergie, un bon transit, une bonne mémoire et l’esprit vif ; deréguler naturellement son poids et sa température, d’avoir un cœur qui bat à un rythme régulier.
Par son action multi-cibles, la glande thyroïde estindispensable et incontournable dans l’ensemble des fonctions de l’organisme.
Arrêtons-nous à son fonctionnement, aboutissant à la synthèse des différentes hormones thyroïdiennes :
2 . Fonctionnement de la thyroïde et production des hormones thyroïdiennes
a) Production de l’hormone thyroïdienne T4
La synthèse des hormones thyroïdiennes dépend de la TSH (Thyroid-Stimulating Hormone), sécrétée par l’hypophyse (petite glande située à la base du cerveau), elle-même sous la dépendance de la TRH (Thyrotropin Releasing Hormone) produite par l’hypothalamus, autre région du cerveau située juste au-dessus de l'hypophyse.
Sous l’influence de la TSH, les hormones thyroïdiennes sontfabriquées au niveau des follicules thyroïdiens à partir de deuxéléments fondamentaux, à rechercher dans l’alimentation :
- un minéral, l’iode, principalement dans les produits de la mer (algues, fruits de mer, poissons, crustacés) mais aussi dans le sel enrichi en iode.
- un acide aminé, la tyrosine, dans les protéines animales et végétales.
Ces 2 nutriments, avec l’aide d’une enzyme (la thyroperoxydase ou TPO), co-facteur de réactions chimiquesdans l’organisme, permettent la synthèse de l’hormone thyroxine (T4).
Cette forme T4 n’est que la forme de réserve (forme de stockage) des hormones thyroïdiennes et doit pour être fonctionnelle, se transformer en forme active (T3).
b) Transformation de la T4 en T3 dans les tissus périphériques
La transformation de la T4 en forme active, tri-iodothyronine (T3), se produit dans les tissus périphériques et principalement dans le foie. Cette biotransformation se fait sous l’action d’une autre enzyme (***), appelée « 5’-désiodase ».
Ici également, des nutriments sont essentiels pour une bonne conversion de la T4 en T3 : le sélénium, le fer, le magnésium, le molybdène, le zinc, mais aussi les vitamines B6, B9, A et C.
Une production optimale en hormones thyroïdiennes dépend donc directement de nos apports nutritionnels.
c) Mécanisme de régulation des hormones thyroïdiennes
Les hormones thyroïdiennes (principalement la T3) exercent également un rétrocontrôle sur la production de TSH, afin de réguler la thyroïde : si le taux d’hormones thyroïdiennes est trop faible, l’hypophyse produit plus de TSH, ce qui a pour effet de booster la synthèse de T4 et T3. A l’inverse, si le taux est trop élevé, la production de TSH diminue afin de rétablir et de maintenir l’équilibre.
Un autre mécanisme important de la régulation est la conversion de la T4 en forme inactive, reverse T3 (rT3). Quand l’organisme a assez de T3 pour ses besoins, la T4 est transforméeen rT3 pour réguler le pool d’hormones thyroïdiennes. Mais cette forme n’est pas reconnue par les cellules cibles et est donc inefficace.
Nous venons de voir le bon fonctionnement de la thyroïde, aboutissant à la synthèse équilibrée des hormones thyroïdiennes T3 et T4 mais il peut arriver que la glande dysfonctionne…
3. Dysfonctionnement de la thyroïde et conséquences
De façon schématique, on identifie deux types de dysfonctionnements thyroïdiens :
• L’hypothyroïdie où le métabolisme ralentit : TSH élevée avec des taux de T3 et de T4 qui s’abaissent
• L’hyperthyroïdie où le métabolisme s’accélère : TSH basse, avec des taux de T3 et de T4 qui s’élèvent (phénomène inverse de l’hypothyroïdie)
Osons l’analogie et voyons la thyroïde comme un « moteur d’une voiture ». C’est le « moteur » de notre organisme. Si le moteur est ralenti (en cas d’hypothyroïdie), toute la voiture fonctionne au ralenti. A l’inverse, si le moteur carbure à plein régime (en cas d’hyperthyroïdie), alors la voiture s’emballe.
A savoir : une hypothyroïdie peut survenir à la suite d’une hyperthyroïdie : « le moteur a tellement carburé qu’il peut ensuite s’effondrer ».
Se baser sur des analyses biologiques pour évaluer le bon fonctionnement de la thyroïde est essentiel, mais cela ne doit pas être le seul critère. Un professionnel de santé pourra évaluer les manifestations cliniques qui évoquent une dysthyroïdie ainsi que ses répercussions sur la qualité de vie.
Les principales manifestations fonctionnelles des dysthyroïdies sont répertoriées dans le tableau suivant, donné à titre indicatif. Car en effet, il n’est pas nécessaire d’avoir tous les symptômes d’une hypothyroïdie pour être diagnostiqué. En outre, aujourd’hui, on voit de plus en plus de « profils mixtes » avec des signes et des symptômes divers, faisant à la fois penser à une hypo et à une hyper.
Concernant l’hypothyroïdie, on rajoutera qu’il y en a de deux sortes :
L’hypothyroïdie avérée quand la TSH est augmentée avec T4 et T3 anormalement basses.
L’hypothyroïdie frustre ou subclinique chez des personnes qui présentent des symptômes de l’hypothyroïdie avec une TSH légèrement élevée mais T4 et T3 normales.
4. Causes de dysfonctionnement de la thyroïde
Il existe plusieurs causes pouvant expliquer les dysfonctionnements thyroïdiens.
a) Principales Causes d’Hypothyroïdie :
Déficit nutritionnel avec des carences principalement en iode, sélénium, fer et tyrosine, donc le rôle de l’alimentation reste fondamental.
Activation de la réverse T3 (forme inactive de la T3), au cours d’un régime trop strict ou d’un amaigrissement important (jeûne sévère par exemple)
Maladies auto-immunes (Thyroïdite de Hashimoto)
Prise de certains médicaments
Stress chronique, excès de cortisol (*****)
Maladies inflammatoires chroniques
Altération des fonctions du foie : baisse de la transformation de la T4 en T3
Exposition aux métaux lourds
Causes infectieuses (thyroïdite De Quervain)
Grossesse
Excès d’alcool, de tabac, de caféine, de sodas allégés
b) Principales Cause d’Hyperthyroïdie :
Thyroïdite : thyroïdite subaiguë De Quervain, d’origine virale, thyroïdite médicamenteuse, post-radique, etc.
Maladie auto-immune (Basedow)
Goitre multinodulaire
Nodules
5. Diagnostic d’un dysfonctionnement de la thyroïde
Le diagnostic et le suivi médical doivent être réalisés par un médecin généraliste, ou mieux encore, par un endocrinologue.
Le diagnostic s’effectue principalement au regard des symptômes de chaque personne (signes cliniques) et de l’interprétation des résultats des analyses médicales.
Le professionnel de santé pourra également réaliser un examen en cabinet pour palper la thyroïde et dépister la présence d’un goitre (augmentation du volume de la thyroïde) et de nodules.
Cet examen pourra être complété par une imagerie médicale, une échographie ou scintigraphie (******) de la thyroïde.
A savoir : La Haute Autorité de Santé (HAS) préconise pour évaluer l’activité de la thyroïde un dosage quasi exclusif de la TSH(2). Cela semble aujourd’hui insuffisant et bon nombre de médecins ou de professionnels en santé naturelle ou complémentaire, proposent des investigations plus approfondies.
Au cas par cas, suivant les symptômes, on peut par exemple proposer de :
Réaliser un bilan complet avec dosage de l’ensemble des hormones thyroïdienne (T3, T4, rT3),
Vérifier l’alimentation et vérifier les statuts micro-nutritionnels dans l’alimentation (recherche de carences)
Doser les micronutriments qui interviennent dans la synthèse des hormones thyroïdiennes pour comprendre l’origine d’un dysfonctionnement thyroïdien
Rechercher des anticorps potentiellement dirigés contre laglande thyroïde, si suspicion de maladie auto-immune.
6. Prise en charge d’un dysfonctionnement de la thyroïde
Sans rentrer dans les détails qui sont complexes, il existe différentes façons de prendre en charge les troubles thyroïdiens, cela dépendra :
Du trouble de la thyroïde : hypo ou hyper
Du degré de gravité du trouble
Du dysfonctionnement « franc » comme en cas d’hypothyroïdie avérée ou dysfonctionnement sans trop d’impact sur les marqueurs sanguins en cas d’hypothyroïdie frustre.
De l’aspect auto-immun
a) En médecine conventionnelle allopathique
Il existe différentes propositions thérapeutiques, par exemple :
En cas d’hypothyroïdie avérée : apport d’hormones de synthèse
En cas d’hyperthyroïdie : antithyroïdien de synthèse ou traitement chirurgical pour enlever partiellement ou totalement la thyroïde (dans ce dernier cas, un traitement médicamenteux substitutif sera alors mis en place)
Un suivi régulier avec un professionnel de santé devra être réalisé afin de vérifier l’évolution de la pathologie ainsi que le bon fonctionnement du traitement (s’il y a lieu).
b) En approche complémentaire (naturopathie)
Suivant les troubles, avec présence ou non d’un traitement médical, le naturopathe pourra proposer une alimentation adaptée et personnalisée aux profils hypothyroïdiens ou hyperthyroïdiens.
Un axe majeur est l’optimisation du statut nutritionnel par l’assiette ou par des compléments alimentaires. Une baisse de l’activité thyroïdienne est assez fréquente (hypothyroïdie frustre par exemple) et une complémentation nutritionnelle suffit parfois à corriger ce déséquilibre hormonal.
En cas de maladie auto-immune, une alimentation spécifique pourra également être conseillée.
Certaines plantes, en cas d’hypo ou d’hyperthyroïdie légèreset débutantes peuvent également être conseillées, toujours en assurant un suivi médical, clinique et biologique.
Lexique :
(*) Glande endocrine : Une glande endocrine est une structure spécialisée dans la sécrétion d'hormones, produits qui sont déversés dans le sang et qui agissent sur le fonctionnement ou le développement des autres organes.
(**) Physiologique : Qui concerne l'activité de l'organisme humain.
(***) Enzyme : Substance organique produite par des cellules vivantes, qui agit comme catalyseur dans les changements chimiques.
(****) Cortisol : Hormone corticosurrénale qui intervient dans de nombreux métabolismes, notamment celui des glucides.
(*****) Auto-immune : Les maladies auto-immunes résultent d'un dysfonctionnement du système immunitaire conduisant ce dernier à s'attaquer aux constituants normaux de l'organisme.
(******) Scintigraphie : Méthode d'exploration (d'un organe) par injection d'une substance légèrement radioactive.
Références :
(1) Etudes :
Arduc A, Aycicek Dogan B, Bilmez S, Imga Nasiroglu N, Tuna MM, Isik S, Berker D, Guler S. High prevalence of Hashimoto's thyroiditis in patients with polycystic ovary syndrome: does the imbalance between estradiol and progesterone play a role? Endocr Res. 2015;40(4):204-10. doi: 10.3109/07435800.2015.1015730. Epub 2015 Mar 30. PMID: 25822940.
Singla R, Gupta Y, Khemani M, Aggarwal S. Troubles thyroïdiens et syndrome des ovaires polykystiques : une relation émergente. Indian J Endocrinol Metab . 2015;19(1):25-29. doi:10.4103/2230-8210.146860
Singla, Rajiv et al. "Troubles thyroïdiens et syndrome des ovaires polykystiques : une relation émergente." Journal indien d'endocrinologie et de métabolisme vol. 19,1 (2015): 25-9. doi:10.4103/2230-8210.146860
Singla, R., Gupta, Y., Khemani, M. et Aggarwal, S. (2015). Troubles thyroïdiens et syndrome des ovaires polykystiques : une relation émergente. Revue indienne d'endocrinologie et métabolisme , 19 (1), 25–29. https://doi.org/10.4103/2230-8210.146860
Singla R, Gupta Y, Khemani M, Aggarwal S. Troubles thyroïdiens et syndrome des ovaires polykystiques : une relation émergente. Indien J Endocrinol Metab. 2015 janvier-février ;19(1):25-9. doi : 10.4103/2230-8210.146860. PMID : 25593822 ; PMCID : PMC4287775
(2) Préconisations par la Haute autorité de santé (HAS) :
Livre : Anatomie et physiopathologie Tortora – Derrickson – 5e éditons.
Livre : « Hormones arrêtez de vous gâcher la vie ! » par le Dr Vincent Renaud et la diététicienne Véronique Liesse
Livre : « Grand manuel de phytothérapie » par le Dr Éric Lorrain.
Crédit Illustration : Dessin de la thyroïde : <a href='https://fr.freepik.com/vecteurs/affaires'>Affaires vecteur créé par macrovector - fr.freepik.com</a> #SOPK #PCOS #OPK #THYROIDE #HYPOTHYROIDIE #HYPERTHYROIDIE
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