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Le myo-inositol, une molécule prometteuse pour la prise en charge globale du SOPK ?


1. Rappels sur le Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK)


Le Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) est la première cause d’infertilité féminine.

Ce syndrome est fortement marqué par :

- des troubles de l’ovulation,

- un excès d’androgènes : hormones dites « masculines » produites en majorité au niveau des ovaires

- un excès de follicules ovariens en croissance qui peuventprésenter une forme de « résistance » à la FSH (=Hormone Foliculo Stimulante, qui permet entre autre le développement et la maturation d’un follicule dominant)et participe au trouble de l’ovulation.

- des symptômes physiques liés à l’hyperandrogéniecomme : l’acné, une pilosité importante ou encore une chute de cheveux anormale.

En l’absence d’autres pathologies pouvant expliquer les troubles du cycle ou l’hyperandrogénie, la présence d’au moins 2 critères sur les 3 critères suivants, permet de poser le diagnostic par un médecin :

- Trouble du cycle : trouble de l’ovulation, cycle long (35-45 jours), absence de règles

- Hyperandrogénie clinique ou biologique : pilosité importante dans les zones androgéno-dépendantes (=hirsutisme), acné sévère, perte de cheveux (=alopécie androgénétique), augmentation de la testostérone totale visible lors d’une prise de sang.

- Ovaires d’aspect multifolliculaire : au moins un des deux ovaires présente un volume augmenté et ou + de 20 follicules.

2. SOPK, résistance à l’insuline et hyperandrogénie

a) La résistance à l’insuline qu’est-ce que c’est ?


Voici une définition très succincte de la résistance à l’insuline, si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire cet article détaillé.


L’insuline est une hormone du métabolisme : elle permet de maintenir dans les normes le taux de sucre dans le sang. L’insuline permet l’entrée du sucre dans nos cellules, où il sera ensuite transformé en énergie. Avoir une résistance à l’insuline signifie que la cellule est « résistante » à l’insuline : l’insuline est sécrétée mais elle n’assure plus aussi bien son rôle. Pour compenser ce manque de sensibilité à l’insuline, le corps va s’adapter et fabriquer encore plus d’insuline, c’est l’hyperinsulinisme.

La résistance à l’insuline ou insulino-résistance est présente chez 70 % des femmes atteintes du SOPK. Cette insulino-résistance est elle-même associée dans 70% des cas à une obésité abdominale appelée obésité androïde. L’insulino-résistance est un facteur aggravant du SOPKcar elle entraîne une sécrétion accrue d’insuline (= hyperinsulinisme) qui amplifie l’hyperandrogénie.

b) L’hyperinsulinisme, un facteur aggravant du SOPK













L’hyperinsulinisme est un facteur aggravant du SOPK car il amplifie les androgènes, par différents mécanismes :


- D’une part, il va agir directement sur certaines cellules des follicules ovariens (cellules thécales) et stimuler la synthèse des androgènes

- Il va également stimuler la sécrétion de LH (= Hormone Lutéinisante produite au niveau du cerveau) qui va stimuler encore + la synthèse d’androgène par les ovaires.

- Il va inhiber la synthèse de SHBG (= Sex Hormone-Binding Globulin) qui est une protéine de transport des hormones sexuelles. La diminution de taux de SHBG est associée à des taux d’androgènes libres élevés (= hormones non liées particulièrement actives !)

Remarques :

- L’insuline est définie comme l’hormone du « stockage », l’insulino-résistance peut donc favoriser la prise de poids ou rendre la perte de poids plus difficile.

- Le SOPK et la résistance à l’insuline ne concernent pas uniquement les femmes en surpoids, les profils minces peuvent également être touchés.

3. SOPK, syndrome métabolique et infertilité


L’insulino-résistance et le surpoids ou l’obésité :


- Favorisent le risque de développer avec le temps unsyndrome métabolique

- Participent également à l’infertilité.

Le syndrome métabolique est défini comme un tour de taille élevé (obésité viscérale) associé à au moins 2 autres troubles :

- Anomalie de la glycémie (ex : insulinorésistance ou diabète)

- Excès de triglycérides et/ou pas assez de « bon cholestérol » (HDL Cholestérol)

- Hypertension artérielle











Source : MetSC : https://www.metabolicsyndromecanada.ca/fr/%C3%A0-propos-du-syndrome-m%C3%A9tabolique


Parmi les paramètres entrant dans la définition du syndrome métabolique, l’augmentation du tour de taille (obésité) et les troubles glucidiques (par insulinorésistance) sont trèsfréquemment présents chez les femmes atteintes du SOPK.

Dans la prise en charge du SOPK, il est donc indispensable :

- de juguler la résistance à l’insuline (si présence d’insulino-résistance),

- d’agir sur le surpoids ou l’obésité abdominale/obésité viscérale

- de réaliser un bilan métabolique

- de prévenir ou de traiter le syndrome métabolique pourprévenir à long terme le risque de développer des maladies cardio-vasculaires


4. Prise en charge du SOPK


La prise en charge du SOPK repose avant tout sur des mesures hygiéno-diététiques :


- une alimentation adaptée au SOPK et à une éventuelle insulino-résistance

- une activité physique régulière

- un sommeil de qualité et une bonne gestion du stress

Aujourd’hui, il n’existe pas de traitement curatif du SOPK, mais plusieurs traitements médicaux anti symptomatiques qui permettent d’améliorer les symptômes qui vous préoccupent, selon leurs conséquences sur la vie psycho-affective et sociale. Cet article détaille la prise en charge du SOPK.


Prise en charge de la résistance à l’insuline :


En dehors des mesures hygiéno-diététiques, les médecins prescrivent depuis des années de la metformine. Ce médicament de la famille des biguanides a eu son heure de gloire. Son utilisation est aujourd’hui restreinte et la metformine n’est utilisée que dans des cas bienparticuliers.


a) La place de la Metformine dans la prise en charge du SOPK


Le traitement par metformine n’est pas recommandé pour :


- l’induction de l’ovulation

- le traitement de l’obésité.

- le traitement des dyslipidémies

- le traitement de l’hyperandrogénie (acné, hirsutisme, alopécie)



Ce traitement est recommandé pour les femmes avec un SOPK si et seulement si :


- Elles présentent un diabète de type 2, en secondeintention si échec des mesures hygiéno-diététiques.

- Elles sont non diabétiques mais avec des anomalies glucidiques (hyperglycémie à jeun non diabétique, intolérance aux hydrates de carbone) et ont un IMC > 25.

Deux consensus (1) (2) ont permis de redéfinir précisément le rôle de la metformine dans la prise en charge du SOPK pour éviter sa sur-prescription.


A noter :

  • La metformine peut présenter des effets secondaires avec en particulier des troubles gastro-intestinaux : ballonnements, nausées, gêne abdominale, diarrhéespour des doses supérieures à 500 mg/jour, alors que la dose nécessaire pour le SOPK se situe entre 1000 et 2000 mg/jour.

  • Il est prouvé que la metformine diminue le risque d’hyperinsulinisme mais avec des résultats souvent décevants sur le taux de grossesse, en particulier dans la PMA.


Dans ce cadre bien défini, il apparait intéressant de trouver des « alternatives » à la metformine pour lutter contre l’insulino-résistance et le syndrome métabolique, en parallèle d’une hygiène de vie adaptée. Un complément alimentaire tire son épingle du jeu, le myo-inositol, puisqu’il semblerait que ce soit l’un des plus étudiés sur les femmes atteintes de SOPK.


5. Le myo-inositol, qu’est-ce que c’est ?

a) Le myo-inositol une molécule naturelle qui améliore la sensibilité à l’insuline


Le myo-inositol est une molécule naturelle (« pseudo vitamine B7 ») que l’on retrouve dans notre alimentation, notamment dans :


- Les fruits : pamplemousse, pastèque

- Certains légumes

- Les graines : haricot, amandes et noix








Les femmes atteintes du SOPK et insulinorésistantesprésentent un déficit en myo-inositol au niveau du liquide folliculaire. Cela est en partie lié à une élimination accrue du myo-inositol par voie urinaire, non compensée par les apports alimentaires.

Il serait très compliqué de compenser ce déficit en myo-inositol uniquement par l’alimentation. Le myo-inositol existe donc sous la forme de complément alimentaire pour couvrir les carences chez les femmes insulinorésistantes.

Le myo-inositol est connu depuis bien longtemps et est utilisé traditionnellement dans la médecine ayurvédique pour traiter le diabète.


b) Propriétés du myo-inositol


Le myo-inositol est un agent naturel sensibilisant à l’insuline. Voici ses propriétés principales :


- Il participe à la régulation de la glycémie mais aussi d’autres paramètres métaboliques

- Il a des effets bénéfiques sur les paramètres hormonaux,

- il contribue à la perte de poids,

- il restaure les cycles menstruels et améliore l’ovulation

- il améliore la qualité ovocytaire, embryonnaire et le taux de grossesse

- il prévient le diabète gestationnel et ses conséquences obstétriques




















Le myo-inositol a ainsi montré son intérêt sur l’insulino-résistance et les paramètres métaboliques mais aussi sur la fertilité naturelle ou lors d’un parcours en PMA, en complément des traitements proposés (comme Clomid par exemple ou lors d’une FIV).

Plusieurs études ont confirmé les effets favorables du myo-inositol sur le métabolisme glucidique : effets équivalents à la metformine.

Certaines études ont également montré les effets significativement plus importants du myo-inositol par rapport à la metformine sur l’ovulation et les paramètres hormonaux.

Vous retrouvez les études (3) (4) (5) (6) (7) dans les sources listées ci-dessous.

c) Quel dosage de myo-inositol pour une efficacité ?


La dose retenue est en général de 4 grammes par jour en une ou deux prises. Ce dosage est dénué de tout effet indésirable.


d) Les recommandations de l’association SOPK Europe


Si vous avez un SOPK avec une insulino-résistance, nous vous recommandons les actions suivantes :

  • Vous tourner vers des professionnels de santé pour vous aider à juguler la résistance à l’insuline et prévenir l’apparition d’un éventuel diabète de type II ou syndrome métabolique.

  • Adopter une hygiène de vie adaptée au SOPK et à l’insulino-résistance : alimentation équilibrée et activité physique (n’hésitez pas à vous faire accompagner si besoin)

  • Suivre les recommandations de votre professionnel de santé s’il vous a prescrit un traitement médical et/ou un complément alimentaire à base de myo-inositol.

  • De façon générale, si vous prenez l’initiative seule de vous complémenter en myo-inositol, nous vous recommandons de vous approvisionner en pharmacie ou parapharmacie plutôt que sur internet (où la qualité des produits n’est pas toujours traçable). Le dosage de 4g/ jour de myo-inositol est également un critère à prendre en compte pour le choix de votre complément.

  • Enfin, le myo-inositol semble être intéressant pour le SOPK avec résistance à l’insuline mais nous vous invitons également à vérifier la présence d’autres carences potentielles : zinc, vitamine D, vitamine B9,oméga 3, iode, chrome, etc.

  • Certaines formules en pharmacie ou parapharmacie associent justement le myo-inositol à l’acide folique(vitamine B9) qui est une vitamine très importante dès le désir de grossesse (en préconception et pendant la grossesse).


6. Conclusion


Les effets du myo-inositol sur les facteurs métaboliques et hormonaux ainsi que sur les troubles du cycle et la fertilité semblent prometteurs. Des études à plus grande échelle, avec un fort niveau de preuve, doivent être menées pour confirmer l’intérêt du myo-inositol dans la prise en charge globale du SOPK.

Sources :

(1) Duranteau L, Lefevre P, Jeandidier N, Simon T, Christin-Maitre S. Should physicians prescribe metformin to women with polycystic ovary syndrome PCOS? Ann Endocrinol (Paris). 2010 Feb;71(1):25-7. doi: 10.1016/j.ando.2009.12.005. Epub 2010 Jan 15. PMID: 20079483.


(2) Fauser BC, Tarlatzis BC, Rebar RW, Legro RS, Balen AH, Lobo R, Carmina E, Chang J, Yildiz BO, Laven JS, Boivin J, Petraglia F, Wijeyeratne CN, Norman RJ, Dunaif A, Franks S, Wild RA, Dumesic D, Barnhart K. Consensus on women's health aspects of polycystic ovary syndrome (PCOS): the Amsterdam ESHRE/ASRM-Sponsored 3rd PCOS Consensus Workshop Group. Fertil Steril. 2012 Jan;97(1):28-38.e25. doi: 10.1016/j.fertnstert.2011.09.024. Epub 2011 Dec 6. PMID: 22153789.


(3) Costantino D, Minozzi G, Minozzi E, Guaraldi C. Metabolic and hormonal effects of myo-inositol in women with polycystic ovary syndrome: a double-blind trial. Eur Rev Med Pharmacol Sci. 2009 Mar-Apr;13(2):105-10. PMID:19499845.


(4) Pundir J, Psaroudakis D, Savnur P, Bhide P, Sabatini L, Teede H, Coomarasamy A, Thangaratinam S. Inositol treatment of anovulation in women with polycystic ovary syndrome: a meta-analysis of randomised trials. BJOG. 2018 Feb;125(3):299-308. doi: 10.1111/1471-0528.14754. Epub 2017 Jul 14. PMID: 28544572.


(5) Raffone E, Rizzo P, Benedetto V. Insulin sensitiser agents alone and in co-treatment with r-FSH for ovulation induction in PCOS women. Gynecol Endocrinol. 2010 Apr;26(4):275-80. doi: 10.3109/09513590903366996. PMID: 20222840.


(6) Jamilian M, Farhat P, Foroozanfard F, Afshar Ebrahimi F, Aghadavod E, Bahmani F, Badehnoosh B, Jamilian H, Asemi Z. Comparison of myo-inositol and metformin on clinical, metabolic and genetic parameters in polycystic ovary syndrome: A randomized controlled clinical trial. Clin Endocrinol (Oxf). 2017 Aug;87(2):194-200. doi:10.1111/cen.13366. Epub 2017 Jun 8. PMID: 28485095.


(7) Rolland AL, Peigné M, Plouvier P, Dumont A, Catteau-Jonard S, Dewailly D. Could myo-inositol soft gel capsules outperform clomiphene in inducing ovulation? Results of a pilot study. Eur Rev Med Pharmacol Sci. 2017 Jun;21(2 Suppl):10-14. PMID: 28724178.


Elise Rouvrais – Naturopathe Chargée du Comité Scientifique pour SOPK Europe Site internet : eliserouvrais.com Tél : 06 31 31 86 97email : contact@eliserouvrais.com

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